Stony – Un être et ses avoirs

(petit exercice d’écriture d’Oniris : raconter un souvenir de vacances sans employer être ni avoir, pas même en auxilliaires :-))

L’été tire à sa fin dans cette contrée finlandaise pleine de boulots et de hêtres.
Pendant que la météo reste clémente, les blanchisseuses se rendent aux lavoirs…
Erko, le maire du village, regarde le ballet des lavandières en robes légères, avec une attention toute particulière pour Stephia, une jouvencelle au corsage trop rempli pour être honnête… enfin… pour qu’Erko, reste honnête. Arrivée quelques semaines auparavant, on dit qu’elle ne lisait pas les annonces de l’agence pour l’Emploi, se contentant de sourire aux employeurs de passage. Deux jours plus tard, elle embauchait comme blanchisseuse dans une entreprise de la ville, assignée aux soins du linge municipal.

Erko l’aborde dès son deuxième jour. Quelques bavardages plus loin, Stephia et Erko tombent d’accord. Non pas pour un mariage, mais sur un prix: la blanchisseuse possède un sens des affaires et de l’élévation sociale bien développé. Erko songe aux avantages de la situation: pas de diner coûteux à prodiguer, pas de sorties en boite de nuit et une assurance de discrétion à toute épreuve (car tout le monde connaît le mariage d’Erko et le tempérament de son épouse, qui ne badine pas avec la fidélité. La dernière petite grue attrapée par l’épouse infortunée passa un quart d’heure fort désagréable).

Où donc accomplir le forfait ?

Stephia, consultée, refuse d’aller chez Erko ou de le laisser venir chez elle. Erko ne souhaite pas payer l’hôtel, par souci de discrétion.

Mais l’édile dispose de plus d’un tour dans son sac: il sait par les listes de la mairie où se trouvent les pensions pour touristes. Chic! il reste une bungalow vide! Il y emmène donc Stephia en plein après-midi, à l’heure où les estivants pataugent dans le lac, à quatre kilomètres de là.

Leurs ébats s’inscrivent dans la longue tradition des acrobates finlandais. Erko imite à la perfection l’Ours des Neiges tandis que sa partenaire lui apprend quelques trucs inédits, appris l’année précédente auprès de l’ambassadeur français à Helsinki.

Le déclic de l’appareil photo, bien que discret, met la puce à l’oreille d’Erko, mais trop tard! L’objectif le saisit dans une position sans équivoque, dans une tenue sans ambiguïté, avec un sourire qui ne prête à aucune confusion…

Je sors de ma cachette et pose l’appareil sur la table. Les négociations ne traînent pas: Stephia sait faire des propositions que ses victimes ne songent pas à refuser.

Erko nous laisse, l’air penaud. Il vient de signer un chèque représentant une petite fraction de ses avoirs.

Pour Stephia et moi, les vacances peuvent commencer… Champagne !!!!

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